dimanche 8 mai 2011

6e partie : Je hais le 1er Septembre.


Ce que j'admire dans les écrits de Marc Édouard Nabe, c'est sa façon de voir les choses comme elles sont, sa façon d'exprimer son opinion. On le traite, souvent, de « provocateur » … Oui « le mal-aimé ». Ce « mal-aimé » reste, pourtant, une plume qui m'a beaucoup marqué. C'est pourquoi je me sens directement visé par cet extrait, qui touche, sans doute, tout personne qui raconte ce qu'a vécu. Il écrit dans son journal intime : «  Qui s’intéresse à ce que j’ai vécu si ça ne devient pas ce que j’écris ? Tous les moyens sont bons pour déverser son triste souffle, sortir sa triste vie, sa vie écrite, cette vie qui se prend comme une panthère foutue dans la trame des phrases, la résille… Il faudrait tout oublier dès la première page et se fixer une fois pour toutes dans cette aberration qu’est la mise en mots de sa vie dans un livre. J’ai cru en moi jusqu’au début de cette abominable confession.
Je ne suis pas de ceux qui ont toujours l'impression d'en avoir trop dit. Moi j'annonce toutes les couleurs. Je m'offre en toute candeur aux mitraillettes. Je n'ai aucune chance. ». J'ai rien à ajouter ne serait-ce que de montrer son courage et son combat pendant, maintenant, 25 ans (boycott des médias, accusation d'être raciste, ...etc.). Bravo M. Zannini … Pardon … M. Nabe!



Tous les jours pendant les 6 mois à Montréal, je partais au laboratoire à l'école Polytechnique. Je travaillais jusqu'à 18h. C'est normal. Ici, on ne parle pas de pause. On bosse et c'est tout. L'école reste ouverte 24h/24 et 7j/7. Tous les moyens sont là pour avancer, innover, produire. T'as pas à plaindre. On te donne tout, même le sourire. Je m'installais toujours à la même place, sur la même chaise près de la porte, mais je ne regardais que vers mon ordinateur. Il y avait aussi trois chercheurs, dans le même bureau. Toujours les mêmes. Eux aussi toujours à la même place, et qui me regardaient à l'occasion, car ils ne me connaissent pas. Moi aussi je m'adressais la parole à personne. C'est intriguant, j'imagine (Philipe Jaenada vous me faites rire par ce que vous avez écrit sur Paul Moya, vous êtes un génie !). Ils deviennent aprés des vrais amis, que je grade mes contacts avec eux jusqu'à aujourd'hui. Début Juin 2009, M. Passeur viens de rentrer de France. Je partais le voir à son bureau. Il m'accueillait. Et il commence à parler. C'est vrai, il parle beaucoup. Il parle de tout. Même de sa vie personnelle. Je lui montre ce que j'ai fait pendant 3 mois. Il est content. Il me demande de continuer comme ça et me suggérer de venir le voir son hésitation. A son âge (environ 65 ans) il bossait comme une bête. Il venait à 7h du matin et il ne quitte pas son laboratoire avant 18h. Ah la vache! Mais c'est vrai, plus le temps passe, plus t'as envie à travailler. Il n'y pas de raison que le CANADA n'avance pas.


Ici, le temps passe vite. C'est au bout de mon 5 ème mois (Juillet) que je me suis rendu compte de cela. Mois de Juillet, c'est la fête ici. La fête du CANADA. Ça commence par sortir les drapaeux, les banderoles, et ça se fini pas les feux d'artifices. Chaque Samedi, pendant un mois, je partais avec Dezki au vieux port de Montréal pour voir l'exposition des feux d'artifices.



Fin du moi de Juillet je reçois un mail de la part de mes responsables de mon Master en France. Je veux pas les voir. Ni de leur lire. Je suis bien ici. Je veux pas rentrer en France. Mais oui, Je devenais habitué.



Ma curiosité m'empêche de penser ainsi. Alors, j'ouvre le mail. Et je reçois mon bulletin de notes partiel de l'année théorique que j'ai passée en France. J'avais bien travaillé. Je reçois même une félicitation de leur part, m'annonçant que je suis classé le premier et que je dois revenir pour exposer mon projet et également pour faire une thèse avec eux en collaboration avec une entreprise qui s'appelle Thalès. Problème: Je viens d'être accepté à l'UQAC (Université de Quèbec A Chicoutimi située dans le nord) pour une thèse. Laquelle je dois choisir? C'est vrais que je veux rester ici, au moins pour faire la thèse, mais ce qui m'intrigue c'est que le sujet que j'ai fait ne colle pas avec celui proposé par l'équipe de recherche à l'UQAC. Aprés une longue réflexion, j'abandonne à l'UQAC et je donne ma réponse favorable à notre laboratoire en France. Une tarte au crème sur le visage. J'étais, tout simplement, naïf. Allez on peut dire débile (c'est un peu fort mais tant pis). Je vais en revenir.

Je hais le 1er Septembre. Oui c'était mon dernier jour à Montréal. Je le hais car Richard l'alcoolique a pleuré. Car Camille l'obèse m'a évité pour ne pas que mes yeux tombent sur les siennes et il aura le même sort que l'autre. Car les 3 chercheurs regrettaient de ne pas rester avec moi plus de temps. Car M. Zine (vous savez .. le chercheur algérien) était en Algérie. Car M. Passeur était en France. Je les ai pas vu avant de partir. Car demain le 2 Septembre, je quitte Montréal pour Paris. Ah M. Nabe si vous pouvez m'aider à exprimer ce que je sens là maintenant. Car j'ai appris que vous avez arrêté d'écrire pour transférer votre savoir-écrire à nous : la génération des bloggeurs (Lisez son dernier livre « L'homme qui arrêta d'écrire »)!. Je l'aurai un jour.

Je dormais pas la nuit du 1er Septembre. Comment puis-je le faire, alors que j'ai oublié de voir Nadine, la responsable de l'hôtel. Bon, un jour je retournerai et je passe une nuit à son hôtel juste pour lui faire plaisir. Oui un jour je reviens. Les boulevards « Saint-Michel » (Ah les arabes de là bas ), « Jean-Talon » sans oublier « Sainte-Catherine » et « Saint-Hubert », restent gravés dans ma tête. Je retournerais…. Enfin pas le 1er Septembre. 

Ne bougez pas!  Bientôt la 7e partie ...

dimanche 24 avril 2011

5e partie : L'adaptation.

En buvant mon café à Tim Hortons, je prends un temps de réflexion : ma famille me manquait beaucoup. Moi qui je suis encore jeune, et qui n’a pas encore rempli sa soif de tendresse et d’amour, mince, à cet âge-là je connais déjà la misère (modérée) et la solitude. Et là je suis dans un pays où je ne connais ni les personnes, ni les endroits ni même l’accent. Je ne savais même pas où j’allais, mais je m’en souciais comme de la première dent Mathusalem. Une seule chose me préoccupait : mon avenir. Philipe Jaenada l’a dit un jour quand il avait mon âge.



Je prends le métro direction l’école polytechnique. En arrivant à l’université de Montréal, je découvrais cette belle école que beaucoup de chercheurs, connus dans le monde entier, y faisaient leurs études. Dés que tu rentres par la porte principale, la seule chose qui t’attire est les photos géantes (posters) des savants qui ont passé leurs cursus ici à poly (on l’appelait souvent comme ça). Je passe à l’administration pour m’inscrire. Avec un petit sourire, la secrétaire me délivre la carte d’étudiant dans moins de 10 minutes. Elle me montre également le département et les bureaux de mes responsables. Je passe voir M. Zine (un surnom que je donne à mon sous-responsable) algérien lui aussi qui est un jeune enseignant ici. Quant au big bosse, que je surnomme M. Passeur (Français installé au Québec), il est en France pour un court séjour. 



M. Zine m’accueillait chaleureusement et me parlait de poly et comment je dois me comporter ici en faisant allusion que ce n’est pas du tout le même système universitaire qu’en France, ni la même mentalité. Il m’expliquait par quoi je dois commencer mon sujet de stage. Compréhensif, M. Zine me donne une semaine pour chercher un logement, m’habituer, et me reposer avant d’entamer le boulot. 


Chercher un logement à Montréal ce n’est pas du tout évident pas comme le prétendent quelques uns. Etant donné que je ne connais personne ici qui peut m’aider, je me contente de voir Nadine. Je rentre à l’hôtel. Je vais à l’accueil.



- En québécois, je lui disais : « Nadine, je veux … que tsu m’aide ».

Je lui explique que j’ai seulement une semaine pour trouver un logement. Elle me répond qu’il n’existe pas une règle où une recette magique pour trouver un logement.  Déçu, je monte à ma chambre et je commence à chercher sur le net. A part visiter la ville de Montréal, tous les matins, j’ouvrais mon journal « Métro » et je lisais la page des annonces. Dés que j’en trouvais une intéressante, je notais les coordonnées. J’appelle généralement l’après midi. En sept jours, j’avais trouvé le logement qui me convient. C’était un beau studio pour deux personnes. J’appelais Dezki (il était toujours en France) pour lui annoncer la bonne nouvelle. Mon studio était juste à côté de la station de métro « Viau ».  Non je ne trompe pas elle s’appelle bien « Viau ». Je me suis inspiré de ce nom pour choisir le mien car je prenais tous les matins le métro à partir de cette station pour aller à l’école.



15 jours depuis mon arrivée à Montréal. Dezki est venu aujourd’hui. Je partais à l’aéroport pour chercher mon ami intime. Une fois venu on rentre chez moi … pardon chez nous. Moi vis à vis Derzki j’étais comme un couteau qui vit avec une fourchette, de part et d’autre d’une assiette de soupe. On était tellement solidaire que les gens nous ont attribué le nom « jumeaux ». Si je faisais la vaisselle, lui prépare le manger. Si je nettoyais le séjour, lui la salle de bain. Si je rentre en retard lui rentre tôt et vise versa. Dezki m’a littéralement enveloppé d’amitié. La vie est bien faite, on ne l’écrira jamais assez. Dans notre quartier, Je connaissait deux amis Richard et Camille. Les deux âgés et célibataires, et par hasard chacun d'eux avait un chat noir. Richard était un homme alcoolique. Dés qu’il rentrait du travail. Il buvait entièrement  une vodka et sortait, torse nu, à la rue où un froid polaire y régnait. Une fois ivre, Richard toquait sur notre porte pour qu’on lui laisse rentrer chez nous. Il nous aimait beaucoup. On discutait quasiment tous les jours jusqu’à minuit avant de le laisser partir. Camille, quant à lui, originaire de Chicoutimi, était un homme timide, intelligent, obèse (pardon Camille !), énigmatique et parfois violent. Je me souviens qu’il avait une bicyclette qui supportait à peine son poids et qui baladait toute l’après midi sur le vieux Montréal… comment il n’a pas pu maigrir ainsi. Je ne sais pas, il faut que je réfléchisse.        

 Bientôt la 6e partie...
  

mercredi 20 avril 2011

4e partie : Ô Canada !


Mercredi le 04 Mars 2009, Je quitte Paris pour aller découvrir un pays qui m’est très chère qu’est le CANADA. Le québécois, d’après ma courte expérience que je vais vous la dévoiler en quelques ligne, est vraiment très accueillant , toujours souriant, et trop cool. Ma croyance personnelle veut que le tissu social du Québec est un cocktail composé de trois cultures : française, britannique et américaine. Souvent on dit : Les québécois  auraient pu avoir la gastronomie française, l'humour anglais et le cinéma américain mais ils ont eu le cinéma français, la gastronomie anglaise et l'humour américain ! Il se peut que j’écrive en québécois. J’ai vraiment hâte de m’exprimer avec cet cher accent. Si c’est le cas, veuillez me pardonner. Ça confirmera mon admiration de cette culture que je l’ai vécu quotidiennement pendant 6 mois.

 
Après 8 heures de vol, au dessus de l’océan atlantique, on arrive enfin à l’aéroport Pierre Elliott Trudeau à Montréal. Mon réflexe veut que la première chose à craindre avant de respirer l’air extérieur soit le froid Canadien. On nous informe que la température extérieure est -17 °C. T’as qu’à couvrir entièrement ton visage avant de sortir de l’avion… Tabarnak ! (« Zut» en québequois)



Dés que tu accèdes à l’aéroport pour récupérer le bagage et fournir quelques documents à l’agent chargé de te délivrer un certificat de travail, une dame charmante est juste là pour te dire « Bienvenu au Québec ». La première chose à apprendre avant même sortir de l’aéroport est que tu dois « tutoyer » les québécois,  « accepter d’être tutoyé », « ne pas regarder les gens dans leurs yeux » mais plutôt regarder leurs chaussures et enfin « élargir ton esprit » car tout est grand ici. Le bol du café, les gâteaux, les gens, les rues, les maisons, les édifices (mot employé par les québécois pour dire les bâtiments), le dépanneur (pour dire l’épicerie), le métro, …etc. Tout est large ici. On ne parle même pas d’obésité. Ils sont tous obèses.  



Je prends mon taxi, direction l'hôtel qui se situe dans la rue Sainte-Catherine dans le vieux Montréal. J’ai déjà réservé ma chambre dans un petit hôtel qui appartient à un couple québécois. Une semaine de réservation m’a coûté 165 $. Un prix vachement moins cher par rapport à d’autres hôtels. La femme s’appelle Nadine et je me souviens plus du nom de son mari. J’arrive à l’hôtel et je paie le taximan. Je rentre et je croise Nadine.

-         « Bonjour Madame » disais-je.
-         « Salut ! Si j’mtrompe pô ts’es **** ». Accent québécois trop fort pour moi, mais j’arrive quand même à comprendre. Elle se rappelle déjà de mon prénom et elle me tutoie (n’oubliez pas la règle québécoise).
-         « Oui ! c’est lui-même Nadine »
-         « C’est dzur l’froid à Montréal ». Dzure pour dire dure.
-         « Oui même trop » répondais-je.
-         « Penses-tsu que tsu vôs ts’familiariser ? Surtsout ne pô flâner ! ». Je sais que vous n’avez rien pigé. Ne vous inquiétez pas. Je vous explique. elle voulait dire : penses-tu que tu vas te familiariser ? surtout ne pas rester beaucoup dehors !
-         « Nadine, on fait avec. Peux-tu me montrer ma chambre ?».

Elle me la montre. Je laisse mes bagages. Je prends une douche. Je me change. Je m’habille en  québécois et je sors. Il est 20h, j’allais au restaurant le plus proche car j’avais faim. En finissant mon dîner,je rentre à l’hôtel, je suis très fatigué. J’ai même pô l’tsemps de visitseer un peuô la ville … ah zut j’ai parlé en Québécois… . Mais en flânant (encore une fois) mais en marchant dans la rue Sainte-Catherine, je n’ai pas raté les gratte-ciel, les lumières, les grands magasins … tabarnak tout est grand ici.



Le lendemain, je me réveille à 4h du matin. Je me demandais pourquoi je me suis réveillé à cette heure-ci alors que j’ai réglé mon réveil à 8h. Au fait, ça correspond à 10h du matin à Paris (6h de décalage horaire) et donc ma montre biologique n’est toujours pas réglée. J’essaie de me recoucher, mais en vain. Je prends ma douche à 6h du matin. Je me change et je sors pour prendre mon café et commencer ma première journée à Montréal. 



Je vais à Tim Hortons. Je demande un café au lait et une madeleine. Elle me demande si je veux un petit ou un grand. Comme j’avais encore faim (très gourmand) je demande un grand. Mauvais choix. Elle me ramène un litre de café au lait … Merde ! Comment je fais pour boire tout ça.  la madeleine est tellement big que j’arrive pas à la terminer. J’ai pris un déjeuner quoi, pas un p’tit déjeuner.  



La 5e partie de mon récit sera publiée prochainement.



  



dimanche 17 avril 2011

3e partie : Le rétablissement et le déménagement.

Le nouvel an 2009 a commencé. Dans un mois les examens. Je boitais pour aller assister au cours. Obligé quoi. Je recopiais tous ce que j'ai raté. Une fois fait, je révisais … non, je découvrais. Je passais des nuits blanches à découvrir. 



Dans la classe où j'étais, il y avait un mélange de plusieurs nationalités : 9 français, 2 malgaches, 1 pakistanais, 1 iranien, 2 chinoises, 2 espagnoles, 4 marocains, 2 tunisiens et 5 algériens. Dés que je rentrais à la classe, ces camarades me regardaient étonnamment. Peut-être, ils disaient aux fond d'eux : « qu'est-ce qu'il fait celui là ici, il a assisté une ou deux fois, après on le voit plus, et là il revient en boitant, c'est bizarre » mais peut-être ils disaient aussi : « Ah le pauvre, c'est fini les études pour lui, il a raté un tas de cours ». Any way, je m'en foutais de ce qu'ils pensaient. Ma place était, toujours, tout au fond de la classe car comme je marchais tout doucement j'arrivais en retard. J'ouvrais mon cahier. J'essayais de comprendre et de découvrir. Au fur et à mesure que le temps passe, je trouve mon fil. Je commence à participer et à comprendre. Je posais beaucoup de questions (des fois hors de la plaque) pour me faire entrer dans le bain. Une tâche qui m'a été très difficile.

J'ai fait ma première connaissance avec deux algériens que je surnomme Dezki et Amza (retenez bien ces noms, on va les rencontrer plusieurs fois par la suite). Dezki était un jeune homme très poli, charmant, respectueux et intelligent (Hélas pour celles qui le connaissent, j'ai appris qu'il vient de se marier). Amza, quant à lui, il avait les mêmes caractéristiques physiques, il était très discret et doué d'intelligence mais, bizarrement, il avait de la flemme quand il s'agit de faire les devoirs de maison ou suivre les cours. C'est du gaspillage intellectuel. On l'appelait Sherlock Homes car il lisait beaucoup les romans d'Arthur Conan Doyle. A part ces deux amis, qui m'ont été comme deux frères, je gardais mes distances vis-à-vis des autres. N'es-tu pas insociable? Mais non ne dites pas n'importe quoi. Ça venait pas comme ça. On a appris, en retard, qu'on devait faire notre stage de fin d'étude obligatoirement à l'étranger, alors les « chers camarades » savait qu'on n'est pas au courant et qu'ils devaient nous en tenaient informés. Le stage en question devait commencer le début Mars alors qu'on est en fin du mois de janvier et on en sais rien par rapport à ça. Les « chers camarades » ont commencé leurs recherches de stage depuis 4 mois et pour certains d'eux ont trouvé ce qu'ils cherchaient. Bon bref, Viau est insociable quand il s'agit de ne pas lui donner l'info gratuite.

Je fais des progrès. Progrès scientifiques mais aussi au niveau de ma santé. Je marche normalement.

La veille des examens, je fixais des RDV chez moi avec Dezki et Amza, pour qu'on révise ensemble. Réviser ensemble me permettre de compléter ce que j'ai raté. C'est un élément d'appoint. Le jour de l'examen vient et je suis prêt, enfin presque. 



Ça marche? Oui ça marche. J'ai bien travaillé. Enfin je sentais. Maintenant que la semaine des examens est finie, je consacre mon temps à chercher un stage. J'envoyais des tas de mails aux entreprises, laboratoires de recherche, Bureaux d'étude … et , cela dans plusieurs pays. 15 jours plus tard, je reçois une réponse favorable d'un laboratoire de recherche bien quotté de l'école polytechnique de Montréal au Québec. Quelle coïncidence, je viens de quitter l'école polytechnique d'Alger pour enfin octroyer un groupe de recherche à l'école polytechnique de Montréal. Malgré la joie, j'étais un peu déçu : Je ne serai pas, encore une fois, rémunéré. En Europe, comme en Amérique du Nord, l'étudiant étranger est le dernier souci des gouvernements. J'aime pas ce statut. 



Je commençais ma démarche de demande de Visa. Je déposais mon dossier à l'ambassade du Canada qui se situe à la rue Montaigne. Pour les étudiants étrangers, encore une fois, il faut attendre 3 semaines pour que le visa soit délivré. Dezki et Amza, ont trouvé, eux aussi, leurs stages à Montréal. On était très heureux du fait qu'on va faire notre stage dans la même ville. Chose très importante pour ne pas se sentir seul. Surtout qu'il s'agit d'un pays où on le connaissait guère. Amza, particulièrement, était très content car son frère il est au Quèbec et qu'il va l'héberger pendant toute la durée de son stage. Moi et Dezki devions chercher un logement.

1 Mars 2009, Je reçois mon visa. Rapidement je réserve mon billet Paris – Montréal. Je devais commencer mon stage le 4 Mars. J'en ai que 3 jours pour informer la famille dont je donnais des cours à ses enfants, leur rendre la clé, et partir de cette ville qui m'a accueilli prés de 6 mois. Je dois partir avant mes deux potes. Eux ils ont trouvé des difficultés au niveau de l'ambassade du Canada. Alors on s'est mis d'accord que je pars le premier. 

Prochainement la 4e partie de mon histoire



dimanche 3 avril 2011

2e partie : La découverte.

Un jour, un pied noir a écrit : "… Je souris mais le cœur n'y est pas, je laisse 20 ans de ma vie sur ce sol [l'Algérie], tous les membres de ma famille,mes copains,mon quartier,une réelle douceur de vivre que je n'ai plus retrouvée à l'identique, tous mes repères..." (par :Bernard Venis)... Hé Bernard! J'fais pas d'plagia, je vous ai cité c'est pas comme Zorro.

Bref, c'est exactement ce que je disais en quittant ce (mon) merveilleux pays. Bernard savait qu'il va regagner son 2e pays (punèze il avait de la chance) alors que moi je savais que je vais me transiter en véritable « étudiant étranger » et qui reste, à l'éternel, « étranger » malgré lui. Aller ce n'est pas le moment de se plaindre!

J'atterrisse à Paris à 10h30. Je récupère mon bagage. Je serre mon cartable. Il contient ma fortune. Plutôt la fortune des autres. Ceux qui m'ont prêter de quoi je peux démarrer ma nouvelle vie avec. Je trouvais la personne, qui m'a donné un rendez-vous à l'aéroport Charles De Gaule. Il s'agit d'un ancien ami de mon père, qui va me conduire jusqu'à l'université pour faire l'inscription. Zut, j'ai oublié de vous dire dans quelle université j'étais admis et de quelle spécialité il s'agit.

Voilà, c'est l'université Paris X, plus exactement à l'IUT de Ville-d'Avray dans les Hauts-de-Seine (92). C'était prévu que je suis une option très intéressante : « Énergétique et propulsion aérospatiale ». J'arrive à Ville-d'Avray. Cette très belle, surtout très calme, ville qui est connue par sa verdure, son très beau étang, sa forêt...mais aussi par la catégorie de la population qui y vivent. Une catégorie riche. Jean-Marie Le Pen  n'y habite pas très loin (ce n'est pas que vous êtes riche que je vous cite, c'est que vous êtes connu).


Rapidement je me présente à la secrétariat.  Rapidement? Bah, c'est parce que j'ai reçu un mail de leur part m'expliquant que je suis en retard d'un mois et que la formation est déjà commencée. Je découvre une secrétaire très gentille, elle s'appelle Madame Micheline Leberre. Cette dame qui nous a quitté peu de temps après (décédée 3 mois après mon arrivée). Madame Leberre avait environ 60 ans, mais elle avait l'énergie d'une jeune fille de 20 ans malgré sa maladie chronique.

Après quelques frappes au clavier et 350 €, je pars avec ma carte d'étudiant. Je profite l'occasion. Je passe au bureau des deux responsables de la formation pour me présenter que je surnomme MM. Tairi et Maraqi (d'origine algérienne et marocaine respectivement... Ben oui c'est le Maghreb United). Je quitte l'université vers Paris. Je prends mon déjeuner dans un restaurant turque : mon premier déjeuner à Paris. Cependant, Je n'étais pas à l'aise. Je ne savais pas dans quel endroit je vais passer la nuit. Problème réglé après quelques coup de fils aux différents hôtels de Paris.

Le lendemain, j'allais à l'IUT pour suivre mon premier cours. Pendant la pause de 10h, je passe au bureau de Madame Leberre, je lui explique mon problème de logement. Après quelques coups de fils et mails, elle me trouve un studio juste à côté. C'était un échange de services. Une famille qui cherchait un étudiant pour donner des cours à domicile à ses deux enfants en mettant à sa disponibilité un studio. Et hop, l'affaire est bouclée. Je déménage et je commence ma nouvelle vie avec cette famille. Je crois que je ne vais pas m'étendre sur mon séjour et les conditions de travail avec les enfants de cette famille pour ne pas s'ennouier. Ça fera, peut être, le sujet d'un autre billet. 



A peine trois jours de mon installation à Ville-d'Avray, les problèmes commencent. Je commence à souffrir d'une inflammation au niveau de l'orteil de mon pied droit. Je me disais peut être ça ne va pas tarder à se guérir puisque ce n'est pas le moment de se soigner étant donné que je suis en retard et que je doit rattraper mes cours (1 mois de cours et TD). J'avais tord. J'ai fait une erreur GRAVE.

Au fur et à mesure que le temps passe (10 jours), je ne pouvais pas marcher. Difficilement, j'allais à l'hôpital Lariboisière (section URGENCE). Le docteur m'examine et il me lance qu'il faut absolument faire une opération chirurgicale pour enlever l'angle incarné. Je n'avais pas la mutuelle et donc j'assumais les 600 € (après déduction) de l'opération. Une situation que je ne la souhaite à personne. Je me souviens bien que le jour de mon opération le médecin me posait la question « Est-ce que vous avez de la famille ou des amis pour qu'il viennent vous chercher après l'opération? ». La réponse et bien sûr non! Il me regardait comme si j'étais orphelin. Je n'aime pas ce regard.



Juste après l'opération, je quitte l'hôpital sous l'effet de l'anesthésie. Je marchais comme un bourré dans les rues étroites de Paris. J'arrive à ma chambre et je découvre que mon pied n'arrête pas de saigner. J'ai perdu beaucoup de sang en effet. A l'ancienne, je trompe mon pied dans de l'eau salée et je change mon pansement. Je reste allongé sur mon lit prés de 3 semaines sans bouger le moindre doigt, si ce n'est que d'aller aux toilettes ou faire la prière. Heureusement, il y avait cette famille qui me préparait le manger. Bilan, après un mois de séjour en France : 1500 € de frais et 2 mois de cours non rattrapés et pas de travail étudiant pour récupérer ce que j'ai dépensé. La galère quoi.

Prochainement la suite.





vendredi 18 mars 2011

1ère partie : Le choc et le départ.

J'avais à peine 22 ans quand j'ai eu mon diplôme d'ingénieur en Génie Mécanique de l'école polytechnique d'Alger. J'étais très heureux de voir, entre mes mains, le fruit de 5 ans d'études. 5 ans de misère. 5 ans de stress. 5 ans de somnolence. Au cours de mon cursus à polytech' (comme on l'appelait toujours), je rêvais d'un avenir promettant. Je me disais : « Quelle chance d'être un polytechnicien, je vais, sûrement, être sollicité par des grandes entreprises ».



Je faisais chaque jour un trajet de 4 heures d'aller-retour... Oui 4 heures de bus. Je me réveillais à 5h du matin pour prendre mon bus à 6h pour être à l'école à 8h. L'après midi, de même, je prend le bus à 17h pour être à 19h chez moi. Ils y avaient toujours des devoirs de maison, des projets, des exercices à préparer. Pour un polytechnicien, rentrer chez soi, ce n'est pas du tout le repos. On avait que les 2 mois de l'été pour se reposer. Et encore, il faut trouver un job étudiant, pendant cette période, pour qu'on puisse épargner nos parents des frais de subsistance et de transport pendant toute l'année.



Malgré tout, je supportais cette misère. Je me disais : « Ce n'est pas grave. Dés que j'aurai mon diplôme, je serai immédiatement recruté ». Un rêve qui va devenir un cauchemar.

Je commençais à rédiger mon CV et mes demandes de recrutement tout en fouillant, en parallèle, quelques journaux afin de trouver des offres d'emploi. Je me souviens bien que j'avais une liste sur moi de toutes les entreprises qui se situent à Alger avec leurs adresses et leurs numéros de téléphone (Fax, éventuellement). Pendant 3 mois de recherche d'emploi, j'ai vécu l'inimaginable.



Tu te fais bousculer par un agent d'entreprise, qui n'a aucun niveau, dés que tu demande de voir le DRH (directeur des ressources humaines) en prétendant qu'il est occupé et que tu n'as pas le droit de vérifier si c'est vrai. Tu laisses donc ton CV chez le soi disant « agent de sécurité » afin d'espérer qu'il le transmet aux concernés. Et ce n'est pas vrai, je vous assure. Ton pauvre CV ne verra jamais le DRH, pour des raisons que vous connaissiez bien sûr et qu'ils n'existent que dans les pays du tiers monde.



Le meilleur des cas c'est quand tu décroches un RDV pour un entretien d'embauche. T'arrives le jour j pour entretenir avec la personne qui est censée de recruter, la première des choses qu'elle te demande c'est la maudite « carte du service national » ou c'est ce qu'on appelle la « carte jaune ». Ce document qui a fait fuir beaucoup d'algériens de leur pays. Ce papier qui est la principale cause du taux de chômage si élevé. On préfère quitter le pays que de l'obtenir. Il s'agit d'un  de papier qui te coûte 18 mois (de service militaire) de ta vie pour rien. Oui il ne te servi à rien, alors que tu dois l'avoir pour travailler, sinon tu n'es plus citoyen...

Pour ma part, pendant ces 3 mois, j'ai décroché un seul entretien. C'était avec la société SNTF (Société nationale des transports ferroviaires) l'équivalent de la SNCF en France. Bien sûr après qu'on m'a demandé la carte jaune que je ne l'avais pas, ils avaient accepté mon sursis qui va expirer dans 4 mois. On passe à la deuxième étape de bureaucratie à savoir une dizaine de papiers qui ne serviront à rien, genre : « certificat de la bonne santé mentale » délivré par un psychiatre. Je vous jure c'est ce qui m'a demandé le service de DRH. Voilà, on traite les cadres comme des fous, pour vous montrer à quel point on stigmatise cette catégorie de la société considérée « cultivée ».



Une fois complété, le dossier a été déposé. J'étais convoqué pour une autre réunion afin de fixer mon salaire. Et là, j'apprends que je serai payé 12 000 DA, l'équivalent de 120 €. Oui 120 €. C'est drôle comme blague, mais malheureusement c'était vrai. « Écoutez! Vous vous foutez d'ma gueule ou quoi?» criais-je, « Je suis un ingénieur quand même ». On me répond que puisque je n'avais pas la carte jaune, je n'ai aucun droit à un salaire complet soit en moyenne : 40 000 DA = 400€. Je sentais ma rage monter, alors il fallait bien que je sors pour ne pas commettre un crime (j'exagère bien sûr).



A ce moment là, j'appelais un ami qui, lui, a choisi de partir en France juste après la soutenance. Sûrement, vous avez deviné. Je lui demandais de m'expliquer toute la démarche à faire pour aller en France et continuer mes études. Peu importe, l'essentiel que je ne reste pas ici sinon je deviens cette fois-ci vraiment un fou.

Vite fait je note sur un bout de papier la procédure suivante :
  1. Chercher sur internet les sites des universités en France, les formulaires d'inscription en Master 2, les délais...etc.;
  2. Préparer le dossier et l'envoyer à l'adresse demandée;
  3. Une fois accepté, aller à la CCF (centre culturel français) pour un entretien (heureusement j'avais mon TCF sur moi);
  4. Une fois admis, préparer le dossier du visa.

2 mois et tout est réglé. J'attendais juste la réponse de l'ambassade de France pour m'apporter la bonne nouvelle.



Mercredi le 9 Octobre 2008, il est 15h30, je faisais ma sieste. Du coup, mon portable sonne. Je regardais pour savoir qui m'appelle. Le portable m'affiche « numéro secret ». Je répond, et, à ce moment là, j'apprends que j'ai eu mon visa. Eureka! mais quelle joie que je ne peux pas vous la décrire. Bref, je partais vite à l'agence Air algérie la plus proche de chez moi. J'achetais mon billet d'avion « sans retour ». 6 jours me suffisaient pour préparer mes bagages, dire au revoir à mes amis et surtout pour avoir suffisamment d'argents pour payer les inscriptions universitaires, mon loyer en France ...etc. le temps de trouver un job étudiant.

Le 16 Octobre 2008 je m'en vole laissant derrière moi 22 ans de vie, de souvenirs, de gens que j'aime et qui m'aiment, mes parents, ma mère surtout. C'est difficile mais qu'est ce que je peux faire d'autre... J'évitais de voir la ville blanche Alger depuis la petite fenêtre de l'avion... Je préférais fermer les yeux que de me voir éloigné de ma ville natale. Je verse une petite larme pour exprimer ce que j'avais comme amour à cette ville.


Prochainement, la suite de mon récit.

Avant de commencer ...


Je viens de créer mon nouveau blog "Journal d'un étudiant". Je ne vous cache pas que j'aie eu du mal à choisir ce nom, mais étant visiteur fidèle du site de  Maître Eolas que vous pouvez lire ses articles (formidablement rédigés concernant des sujets bien ciblés) dans ce lien : http://www.maitre-eolas.fr/, je me suis donc inspiré du titre de son site qu'est "Journal d'un Avocat".

Voilà ... Je vous dis donc à très bientôt pour la première partie de mon récit.